
Entretien avec Charles Mve Ella, Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, depuis le 8 mars 2022, en charge d’un secteur phare sur lequel compte le Président de la République, pour non seulement, relancer l’économie, mais également, pour parvenir à l’autosuffisance alimentaire.
Quelle est votre feuille de route selon les orientations contenues dans le Plan d’Accélération de la Transformation (PAT 2021-2023) ?
Le Gabon dépend fortement des importations pour l’alimentation de ses populations. Cette situation a un impact non seulement sur la sécurité alimentaire mais également sur la balance commerciale et les réserves de devises.
L’ambition de notre pays fixé dans le cadre du Plan d’Accélération de la Transformation de l’Economie (PAT) est de réduire dans les prochaines années de 50% les importations de produits alimentaires et de faire de ce secteur un levier important de la création d’emplois. Pour atteindre cet objectif, le ministère dont j’ai la charge met en œuvre une stratégie de développement agricole reposant sur six axes d’intervention à savoir :
– Mise en place d’un cadre incitatif et très favorable aux investissements dans le secteur agricole à travers notamment la mise en œuvre de la loi 22/2008 portant sur le code agricole en République gabonaise qui instaure des exonérations d’impôts sur le foncier et des taxes et droits de douanes sur les intrants agricoles ;
– Mise à disposition des promoteurs d’un foncier agricole sécurisé par la création de Zones Agricoles à Forte Productivité sur l’ensemble du territoire ;
– Mise à disposition des agriculteurs des semences adaptées à haut rendement par la construction de six centres de multiplication de semences dans le cadre du Projet d’Appui au Programme GRAINE soutenu par la BAD ;
– Développement de la mécanisation agricole à travers la mise en place de 21 plateformes multiservices dotées des équipements et machines nécessaires à la production et à la transformation des produits agricoles ;
– Le renforcement du système de formation agricole par le développement de l’initiation et de la formation professionnelle agricole ;
– La promotion de l’entrepreneuriat agricole des jeunes et des femmes à travers la mise en place d’incubateurs agricoles dans les principaux bassins de production agricole.
Nous pensons qu’avec ces actions nous allons accroitre de façon significative les surfaces cultivées et la production agricoles tout en créant des milliers d’emplois dont à besoin notre jeunesse. Où en est la mise en place des Zones agricoles à forte Productivité (ZAP) ?
Un rappel du projet : soucieux de lancer le développement agricole du pays et atteindre la souveraineté alimentaire, le Président de la République a prévu dans sa vision stratégique la création de quarante bassins agricoles à travers le pays. Pour la première phase de cette réforme agraire, il a procédé, sur la base de la loi 036/2018 réglementant
les zones d’investissement spéciale, la création de cinq premières zones agricoles à
forte productivité notamment Kango, Idemba, Mboukou, Bifoun abanga, Andem. Il s’agit des zones titrées/sécurisées, géolocalisée aux abords des voies d’évacuation (routière, ferroviaires, maritimes et aériennes), et à proximité des réseaux de communications, d’électricité et d’eau. A ce jour, cinq zones ont été créées totalisant plus de 55
000 hectares dont deux à proximité de Libreville. Deux autres ZAP sont en création, notamment Bitam dans le nord du pays et Souba dans le Sud-Est, totalisant une superficie de 38 000 hectares environ et seront spécialisées en grande partie dans la production et transformation des produits d’origine végétale. A ce jour, des aménagements forestiers et des routes praticables en toute saison sont toujours en cours dans les ZAP. Le processus de délivrance des titres de propriétés a commencé le 28 septembre 2022 pour l’ensemble des agri entrepreneurs. L’installation des bénéficiaires commencera dès la prochaine saison sèche.
Dans le secteur agricole, quels sont les atouts du Gabon pour tisser de nouveaux partenariats gagnants-gagnants avec les entreprises et attirer des investisseurs ?
Les atouts du Gabon pour attirer les investisseurs dans le secteur agricoles sont importants. On peut citer :
– Un climat et des caractéristiques agroécologiques très favorables à la culture de nombreuses spéculations agricoles ;
– L’abondance des terres arables estimées à près de 5 millions d’hectares ;
– Un environnement des affaires très attractif pour les investissements dans le secteur agricole ;
– Une demande nationale importante et en progression ;
– Une position géographique stratégique en Afrique centrale qui fait du Gabon une excellente porte d’entrée pour le marché de la zone CEMAC et plus largement de la ZLECAF.